Le 12 mars 2020, Ciné Histoire proposait à l’Auditorium de l’Hôtel de Ville une séance consacrée à Henri Curiel.
Fils d’un banquier juif établi en Egypte, il découvre jeune, la misère des paysans qui travaillent sur les propres terres des Curiel et celle du peuple égyptien en général ! Un âne se loue plus cher qu’un homme, et des enfants de sept à treize ans travaillent sous les coups de fouets des contremaitres européens. C’est ce spectacle qui le conduit à la politique.
Après avoir tenté sans succès de s’engager dans l’armée française en 1939, il fonde une organisation communiste en Egypte. En 1950, il est expulsé par le roi Farouk et s’installe en France.
Henri Curiel en a eu l’intuition majeure dès 1940 : le fait politique marquant de la seconde moitié du XXème siècle serait la puissance de la volonté de libération nationale Il devient ainsi, un des grands citoyens du tiers-monde.
En 1957, il rencontre Francis Jeanson, qui dirige le réseau des porteurs de valises solidaires du Front de Libération Nationale (FLN) algérien, et met à son service son exceptionnel sens de l’organisation, ce qui l’amène à lui succéder lorsque ce dernier est écarté car trop vulnérable. Il veut élargir le réseau et le pérenniser au-delà de la guerre d’Algérie, mais c’est un échec. En 1960, il est lui-même arrêté et passe dix-huit mois à Fresnes. Quand il en sort, il sait que la marginalité sera désormais sa loi !
Comme il côtoie depuis longtemps des militants qui ont appris la clandestinité sous l’occupation nazie, ou dans l’aide au FLN, il met cet acquis au service des mouvements de libération nationale du tiers-monde, ce sera « Solidarité » : quelques dizaines de militants de tous milieux, et de toutes sensibilités (pasteurs protestants, prêtres catholiques, syndicalistes, et membres du Parti communiste, se mettant au service d’autres militants venus du monde entier). Axée sur le tiers-monde, l’aide s’étendra aux réseaux antifascistes, existant dans l’Espagne de Franco, du Portugal de Salazar, de la Grèce des colonels et du Chili de Pinochet.
Mais quinze ans plus tard, il revient sur un problème qui le hante : le conflit israélo-palestinien. Il organise des contacts clandestins entre colombes israéliennes et dirigeants palestiniens Toutes ses activités lui valent évidemment bien des ennemis.En 1976, l’hebdomadaire Le Point sous la plume de Georges Suffert l’accuse d’être « le patron des réseaux d’aide aux terroristes ». Dans un temps où l’Europe était confrontée aux violences de ceux-ci, l’accusation équivalait à une condamnation capitale ! Assigné à résidence à Digne, assignation levée devant le vide du dossier, il est abattu, quelques mois plus tard, au pied de son immeuble le 4 mai 1978.
Le crime restera impuni, l’enquête sera close en 2009. La justice la rouvre en 2018, suite aux révélations posthumes d’un activiste d’extrême droite, René Rescitini de Says. Depuis 2019, une plaque commémorative a été apposée sur l’escalier menant à la rue Rollin.
Après la projection du film de Jean-Charles Deniau et Khaled Melhaa, un débat animé par l’historien et journaliste Dominique Vidal a réuni :
– Emilie Raffoul, journaliste et productrice
– Alain Gresh, fils d’Henri Curiel
– Sylvie Braibant, journaliste, cousine d’Henri Curiel et membre du « collectif secret défense, un enjeu démocratique ».
Captation et montage vidéo par Marcel Apeloig